Jean-Yves Quideau, responsable de la Sûreté d’Arcelor Mittal pour le site de Dunkerque, a accepté de répondre, avec une grande simplicité, à mes questions.
Parad-IE : Pourriez-vous pour que l’on comprenne bien les enjeux me présenter votre site?
JY Q : Il s’agit du plus grand site européen de production d’acier. Il joue un rôle important dans le positionnement de leader mondial du groupe. Il est spécifique de par sa taille (750 hectares), l’effectif global (3600 pers), le nombre de prestataires quotidiens (2500 pers) et par les différents modes de transports présents (environ 100km de route, 150 km de voies ferrées et 1 bord à quai).
Parad-IE : Pouvez-vous nous dresser un bilan de la Sûreté/ Sécurité chez Arcelor ?
JY Q : C’est une politique qui mature depuis 15ans. Le groupe n’avait pas cette culture, du fait notamment des différentes restructurations. Aujourd’hui afin de préserver son leadership, la société a mis en place une exigence d’excellence dans les divers secteurs d’activité. Il faut également ajouter que depuis l’attentat de Karachi, les dirigeants sont assujettis à une obligation de Sûreté.
Parad-IE : Quelles sont donc les problématiques qui se posent sur le site ?
JY Q : Elles vont concernées aussi bien la sécurité que la sûreté. La frontière entre les deux n’étant pas clairement établie (lien wikipédia).
Pour commencer, le service gère le contrôle d’accès (30000 cartes d’accès par an délivrées annuellement). Toutefois le système en vigueur nécessite d’être modernisé car nous utilisons toujours des documents « papier », qui nécessite une gestion lourde lors des renouvellements et son moins performant en matière de contrôle. Nous réfléchissons actuellement à un système complètement informatisé qui faciliterait l’identification.
Parad-IE : Cela vous permettrez également de mieux prévenir d’éventuelles intrusions ?
JY Q : Il s’agira en effet de lutter contre toutes les formes de malveillance. En tant que spécialiste mondial de l’acier, nous sommes particulièrement exposés au vol de métaux précieux.
Parad-IE : Quelle parade avez-vous trouvé contre ces faits qui touchent tant de sociétés ?
JYQ : La seule parade à ce jour consiste à développer une forte politique de prévention des départements axée sur la sensibilisation à la protection des métaux, la mise en place de moyens performants de surveillance et le développement des contrôles systématiques des véhicules sortant.
Parad-IE : J’imagine également que vous êtes soumis à toutes sortes de règlementations ?
JY Q : Ce sont les deux dernières problématiques qui touchent le groupe. La première, que nous appelons « sûreté industrielle » consiste dans le contrôle de l’application des règlements en conformité avec la directive européenne SEVESO II.
Parad-IE : J’imagine que la France et l’Union européenne vous imposent également un certain nombre de réglementation ?
JY Q : En effet, nous sommes également depuis 2003, à l’instar de toute installation industrielle conséquente, assujettis au plan Vigipirate niveau rouge. Et cela ne représente qu’un échantillon de l’ensemble des normes qui s’imposent à notre activité.
Parad-IE : Et au quotidien, quel est votre rôle ?
JY Q : Outre la gestion globale de la sûreté, le Service intérieur s’occupe également du standard/accueil, de la gestion du courrier, du parc automobile, du portefeuille assurance automobile, du transport collectif. Le service intérieur est aussi responsable des interventions des pompiers sur site. Par ailleurs, nous participons activement aux différents programmes de formation et de sensibilisation destinés au personnel, interne ou externe, intervenant sur le site. Une exigence d’excellence est également demandée aux 7500 entreprises partenaires.
Parad-IE : Quels sont les moyens dont vous disposez (personnels, budget, …)?
JYQ : Le service comprend 80 salariés en interne et une trentaine de personnes travaillant pour des sociétés contractantes, spécifiquement dans le secteur de la sûreté. Le coût de la main d’œuvre est bien sur le chapitre majeur du budget.
Parad-IE : Etes-vous satisfait des résultats ?
JY Q : La politique de Sûreté/ sécurité avance mais nous recensons encore trop régulièrement des vols d’ordinateurs dans des bureaux ouverts, ou de l’outillage bêtement exposé à la vue de tous. Dans ce domaine c’est un combat de tous les jours !
De plus, au niveau du groupe, le manque de culture « sûreté » est pénalisante. Par exemple, un responsable français du groupe médiatise un déplacement dans un pays X, alors que ce pays fait l’objet de menaces de la part de groupuscules extrémistes quant à la présence d’occidentaux.
Parad-IE : Quel avenir pour votre service ?
JY Q : La mise en place du nouveau système informatisé sera la première étape d’un processus qui vise à placer le site de Dunkerque comme référent en matière de sureté. Et nous travaillons également en partenariat étroit avec le « Group Security Manager » pour déployer et harmoniser la politique de sureté sur l’ensemble des sites mondiaux.
Parad-IE: Merci pour l’ensemble de vos réponses. Le mot de la fin : un petit conseil aux entreprises en matière de Sûreté ?
JY Q : Se rappeler du vieil adage « mieux vaut prévenir que guérir » !
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